MÉDITATIONS SCATO-LOGIQUES AU BOIS DE BOULOGNE


Le Bois de Boulogne c'est le trou du cul de Paris, et c'est donc là que je médite et médis le mieux. Aujourd'hui je ne suis ni désespéré ni emmerdé, au contraire, je suis en voie d'être désespécé et déchié, oui, je suis en train de perdre mon appartenance à l'espèce humaine.

L'espèce humaine -- molle merde mal chiée. C'est là pourtant où j'ai passé ma vie, entre les fesses et ce qui en dégouline. Au Bois de Boulogne.

Au Bois de Boulogne je fais caca mytho-logiquement. Je suis Oedipe pour les uns, Narcisse pour les autres. Ici je rends visible le dispositif de la communication excrémentielle mais garde secret son contenu, et cette parole dérobée, donc non chiée, devient dès lors beaucoup moins une information dissimulée (certains diraient constipée) que l'image de la parole inaccessible. Tout est en vain ici.

Tiens, un cul accueillant me fait un sourire de derrière un arbre. Nous sommes au Bois de Boulogne.

A la pensée qui se prétend saine j'inocule des doses de scato-logie négative pour la rendre consciente de ses foirades, de sa prétention dérisoire à l'universalité, à la normalité, de son asservissement pétoire à l'humanisme, au classicisme, au cacadémisme. Je croupionne dur ici du crâne et du cul.

Bref, c'est déjà assez embrouillé comme ça pour ne pas embrouiller les choses davantage dans ce que je suis en train de méditer. Mais la question reste ouverte -- qui dit quoi qui dit cul ou qui couac?

Oh fesse amène amène tes fesses Amen! Sors ton beau derrière de derrière l'arbre.

Au lieu, elle me montra sa gorge et moi j'ai cru voir son cul. Pudibonde déformation. Après tout, j'ai été Pro-fesseur dans ma jeunesse, au Collège Brisemiche, avec le Père Fouettard, et ensemble nous avons jugé bien des concours de culs, et une fois un gros postérieur un peu éméché avec des doudounes miraculées nous à foiré au visage, une série de pets bégayants.

Nous sommes au Bois de Boulogne. Ici, je suis batifoleur. Oui, ici je batifole, flânochant, déambulant, collectant, contemplant les culs culs clan.

De derrière l'arbre surgit d'un seul coup un gros train qui se met à péter avec un accent. Ah! un cul étranger. Moi, j'aime les culs exotiques. C'est une Anglaise, mais son cul est si beau, si gentil, si accueillant (je me répète, ah oui je pète et répète) je me sens tout sautillant. Surtout que le cul de celle que j'ai laissée chez moi pour venir ici méditer au Bois de Boulogne eh bien ce cul il est plutôt indolent. Je dirai même que c'est un cul majuscule qui ne dit jamais de gros mots. Un gros croupion à deux places bien confortable mais pas excitant comme celui qui vient de surgir de derrière l'arbre.

Peloter un cul est un art. Observer un cul est un art aussi. Tout gosse je me galvaudais déjà dans les culs. Celui de mes soeurs en particulier. Et souvent, celui de ma tante Rachel qui avait du supercul, et alors je m'en suis donné à cul joie avec les fesses postiches de Madame ma tante Q qui disait toujours, ah mon petit, si tu savais, à mon âge, avec la gueule que j'ai, mon cul me coûte cher. Si j'en ai culbuté des culs dans ma jeunesse.

Soyons sérieux. Les Français sont si vaniteux et si arrogants que de se trouver en face d'un cul qui n'est pas français (comme celui qui vient de surgir de derrière cet arbre du Bois de Boulogne) ça les fout en boule. Moi, je m'en fous -- cul blanc, cul noir, cul d'autre, cul terreux, cul sexe, c'est la même chose pour moi. J'enculotte, je déculotte, je culotte, je culbotte. Je suis au Bois de Culogne.

Tiens il pleut. Vite cachons-nous derrière l'arbre ou notre Anglaise vient de rentrer son cul, et arrêtons de déconner. Tout n'est peut-être pas en vain ici.


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